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SOUVENIRS
&
ANECDOTES

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Mr Jacques SECRETAIN, musicien à Symphonia pendant 82 ans nous a quitté fin 2022.

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Toujours sous l’occupation

 

Un clarinettiste de Symphonia nous proposa de donner une série de concerts à Arcachon, sur l’invitation d’un de ses amis restaurateur qui possédait également un hôtel.

Le voyage s’effectua dans une bétaillère, utilisée habituellement pour le transport du cochon. Elle avait été évidemment nettoyée et désinfectée et les musiciens étaient installés sur des bancs...plutôt instables. Ce véhicule fonctionnait au gazogène et de nombreuses étapes étaient nécessaires pour recharger le bois. Nous fûmes arrêtés également par des patrouilles allemandes intriguées par la présence de ces hommes et de ces femmes. Les étuis des instruments furent ouverts pour vérifier qu’ils ne contenaient pas d’armes. La bonne humeur régnait néanmoins dans ce camion aménagé et nous pûmes parvenir à Arcachon. Dès le lendemain, nous jouions « La Marche des Pelotaris » pour l’ouverture de la saison de la pelote basque.

 

En 1943, Symphonia  a organisé des concerts au profit des prisonniers de guerre. L’orchestre devait présenter auparavant le programme aux autorités allemandes. Pour une de ces soirées était prévue la «Symphonie Italienne» de Mendelssohn. Refus de la Kommandantur car Mendelssohn, bien que converti au christianisme, était descendant d’une famille juive allemande.

Se souvenant que le compositeur, pour distinguer sa famille de celle demeurée dans la religion israélite, avait ajouté à son nom celui de son beau-frère Bartholdy, les organisateurs inscrivirent au programme « Symphonie » de Bartholdy et l’œuvre de Mendelssohn fut quand même interprétée.

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Autres anecdotes d’une époque lointaine

 

1 - Symphonia  était créée depuis peu; les répétitions se tenaient dans la salle Saint Gilles, au fond du jardin public. Au printemps, nous, les jeunes, nous récoltions de petits hannetons qu’on appelait «chocolats» à cause de la couleur de leur élytres. Notre grand plaisir était de les introduire dans les violons ou les violoncelles par les ouïes ou dans le pavillon du cor et de la trompette. Evidemment, nous choisissions nos "victimes": pas question d'importuner l'instrument du violon solo, qui était également notre professeur de maths. Aux premiers coups d'archet, les insectes secoués par la vibration de l'instrument s'enfuyaient sous les rires des musiciens non concernés.

 

2 - En période hivernale, nous devions allumer le poële à charbon de la salle Saint-Gilles et préparer les deux seaux de boulets. Cette tâche se faisait dans la soirée. Pour éclairer le local il fallait traverser la salle car le disjoncteur était placé tout au fond. D’habitude on ménageait un passage entre sièges et pupitres pour y accéder…

Ce soir-là, il faisait très sombre. Je m’avançais lentement et heurtais un obstacle. Pestant contre ceux qui n’avaient pas respecté cette allée, je parvenais au compteur et éclairais le local.

Je me retournai et…quelle horrible surprise !

Sur un catafalque installé au milieu de la salle, gisait le cadavre d’un jeune homme. Après un frisson, je m’empressai de refermer le local et me dirigeai vers la mairie pour comprendre. J’appris que j’avais rencontré la dépouille d’un jeune motocycliste qui s’était tué sur une route près de Pons.

Inutile de vous préciser que la répétition fut annulée. Nous étions désolés que la salle de répétition de Symphonia fût utilisée comme morgue.

 

3 - Avant d’utiliser la salle des fêtes du collège, puis la salle des fêtes municipale, les concerts de  Symphonia  avaient lieu à l’Idéal Cinéma, rue de Verdun (actuellement pharmacie Mesnard). Ces jours-là, il fallait transporter le piano. Ce travail était confié aux quatre jeunes de l’orchestre qui utilisaient une charrette à bras appartenant à un grainetier membre de Symphonia. Le plateau du véhicule atteignait juste la dernière marche de la salle de répétition (Saint Gilles).

Evidemment, maints conseils de prudence nous étaient dispensés :

« vous traverserez le jardin public en évitant les ornières, la place de la république, puis prendrez la rue Emile Combes, la rue Pasteur. Roulez lentement, prenez garde à la descente de la dernière rue, devant l’église Saint Martin…… »

Mais une fois, changement de décor…..

A quoi bon emprunter un si long circuit alors qu’en utilisant l’escalier situé tout à côté de la salle de départ, nous pouvions atteindre l’Idéal Cinéma par le passage Glemet, en quelques dizaines de mètres ? Ce dernier itinéraire fut retenu et l’expédition commença. Hélas ! Les premières marches furent franchies doucement, mais bientôt il fut difficile de retenir la charrette pour les dix dernières et l’ensemble atterrit contre le mur.

Angoisse des jeunes transporteurs ! Les ridelles de la charrette avaient souffert mais, heureusement aucune blessure apparente à déplorer pour le piano. L’accord effectué ne révéla aucune anomalie et le concert se déroula normalement. Passons sous silence les reproches vigoureux dont nous fûmes l’objet.

 

4 - En 1974, Symphonia  participait au grand Concours National de musique de Lezay. La formation obtenait le Premier Prix et remportait le vase de Sèvres offert par le ministère des affaires culturelles. Ce vase était remis à la municipalité de Pons ; il servit longtemps de «cendrier» aux conseillers municipaux jusqu’à sa récente réhabilitation puisqu’il orne maintenant la salle des mariages.

Symphonia » avait interprété la «Symphonie n°100 en sol majeur» de Haydn en morceau imposé, puis l’ouverture de « Leonore » de Beethoven et la « Symphonie n°35 dite Haffner en ré majeur » de Mozart (morceaux au choix).

Chacun des 42 exécutants avait reçu un camembert ; ce qui parfuma le car sur la route du retour.

L’année suivante, Symphonia » participait au concours National de Moncoutant et obtenait de nouveau un Premier Prix en exécutant « Dans les steppes de l’Asie centrale » de Borodine.

 

5 - Cette année-là, la Société des Fêtes de Pons organisait un grand spectacle devant l'immeuble appelé Saint-Cyr (puisque destiné aux élèves préparant les grandes écoles [Saint-Cyr, Ponts et Chaussées, Arts et Métiers]) qui était situé entre le parc et les bâtiments de l'école primaire supérieure.

Elle présentait «Mireille », opéra en 5 actes de C.Gounod. L'orchestre comprenait les musiciens de Symphonia encadrés par des professionnels comme chefs de pupitre. On avait fait appel pour diriger cette œuvre à M. Albus, chef d'orchestre du Théâtre du Capitole de Toulouse.

Les organisateurs avaient cru bon d'organiser une visite des chais de Cognac à laquelle participa le chef d'orchestre, avant la répétition générale …

Cette répétition prévue l'après-midi s’en trouva écourtée et les coupures dûes à la longueur de l’œuvre restèrent incertaines pour l’orchestre. Le soir nous plongeâmes dans l'inconnu, et les seuls musiciens qui purent terminer la partition furent la pianiste de Bordeaux qui avait l’habitude de l’œuvre, M. Berger, le clarinettiste, retraité de la Garde Républicaine, et M. Torlois, un excellent violoniste de Saintes. Même la scène finale nous était méconnue ; on ne sut la fin que quelques minutes avant d’aborder les ultimes pages de la partition ! Le public ne s’aperçut pas tellement des difficultés auxquelles l’orchestre avait dû faire face !

 

 

6 - Histoire d’une contrebasse à cordes

 

Il y a quelques années, Symphonia  fut victime d’un vol important : des malfaiteurs se sont introduits par effraction dans le local lui servant de salle de répétition et emportèrent un piano numérique, un cor, une clarinette, une batterie complète de jazz et une contrebasse à cordes.

Quelques semaines plus tard, la gendarmerie de Pons qui enquêtait pour une toute autre affaire eut la chance, au cours d’une perquisition, de retrouver tout le matériel disparu.

Décidément, le mauvais sort s’était acharné sur cette malheureuse contrebasse qui avait été achetée en 1973 à un ensemble tzigane à la recherche d’espèces pour rentrer dans son pays. En effet, en1999, alors que Symphonia  répétait dans un local appelé « Mille Clubs » (situé près de la piscine municipale), on constata la disparition de ce bel instrument. Ce dernier fut retrouvé de l’autre côté de la rivière : il avait servi de radeau pour la traverser. Les auteurs de ce méfait étaient de jeunes lycéens de l’établissement voisin. Plainte fut déposée, mais retirée quelques jours plus tard car les familles des deux «marins» d’occasion s’engagèrent à prendre à leur compte les frais de restauration.

Ceci clôt le chapitre des anecdotes !

 

 

Je viens de lire sur le site de la revue MEDICINE DES ARTS un article concernant le record de la plus longue carrière de musicien dans le même orchestre.

Jane Little est entrée au Guinness des records comme la musicienne qui est restée le plus de temps dans le même orchestre. Aujourd’hui âgée de 87 ans, elle est entrée dans l’orchestre en 1945 à l’âge de 16 ans, deux ans avant qu’il ne devienne professionnel, et elle y restera 71 ans.

Mais notre président et premier violon a battu ce record. Entré dans l’orchestre à 14 ans à sa création, il était, 80 ans plus tard, toujours présent !

 

Et finalement :

 

EVENEMENT MUSICAL PONTOIS

 

Jacques Secrétain, figure emblématique de la ville de Pons, a passé plus de 80 ans au service de la musique dans l’orchestre symphonique de la ville, Symphonia,  qu’il a vu naître en 1936 et dont il est actuellement Président. Entré à Symphonia comme violoniste à l’âge de 14 ans il en est aujourd’hui, à 94 ans le violon solo.

 

Pour le récompenser de cette assiduité et cette longévité exceptionnelles, une médaille et un diplôme « Grand Vétéran » de l’ASSEM17 viennent de lui être remis par le Sénateur et Maire de PONS Monsieur Daniel LAURENT en présence de Monsieur Michel DUCHEMIN, Président de l’ASSEM 17.

(cf : le record international de longévité dans un même orchestre soit 70 ans est détenu par Jane Little une contrebassiste de l’orchestre « Symphonia Orchestra » d’Atlanta*.

Avec plus de 80 ans, Jacques Secrétain pourrait être inscrit au Livre des records Guinness*Source : Médecine des Arts. Com).

En 2016, l’orchestre SYMPHONIA de PONS (Charente Maritime) a fêté ses 80 ans!

un anniversaire qui ponctue un passé musical riche et chargé d’histoire. L’orchestre a été fondé en 1936 soit 3 ans avant la seconde guerre mondiale et le Président de l’Association (jeune musicien de 14 ans à l’époque) et toujours 1er violon de l’orchestre jusqu’en 2018, relate une petite anecdote : «  des allemands férus de musique classique, s’asseyaient sur les marches de l’immeuble où les musiciens de l’orchestre jouaient, pour écouter la répétition. Ce qu’ils ignoraient c’est que la cave de l’immeuble abritait des résistants » …

Sueurs froides assurées pour les musiciens !

Notre cher Président et ami, Jacques Secretain, a tiré sa révérence.

Il s’en est allé dans sa centième année, la veille de Noël, en toute discrétion.

C’était un homme charmant, modeste et pourtant si instruit, attentionné et généreux envers toutes et tous, d’une grande gentillesse et simplicité. Il est resté dans l’orchestre jusqu’en 2017 et nous a fait honneur jusqu’au bout. Depuis, il était notre Président d’honneur, et nous restions en contact et le tenions au courant de tous les événements, grands et petits, que nous traversions.

Aujourd’hui, Symphonia est orphelin. C’était son enfant, lui qui l’avait rejoint à l’âge de 14 ans, et c’est grâce à lui que cet orchestre amateur a perduré toutes ces années, malgré les difficultés rencontrées au fil du temps, et elles ont été nombreuses. Toujours il a réussi à maintenir le cap. Merci Jacques, pour nous avoir permis de continuer à faire vivre Symphonia, pour nous permettre de partager notre passion musicale et la faire partager. Tu vas nous manquer tellement, mais tu continueras à vivre dans nos cœurs et dans la musique que nous jouerons. Où que tu sois maintenant, continue à veiller sur nous.

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